Page:Darien - Biribi (Savine 1890).djvu/130

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tin, passant la main sur une touffe d’herbe humide de rosée.

— Il fait bon, maintenant, me dit Queslier, mais ça ne va pas durer longtemps. Tu vas voir, d’ici un quart d’heure.

Le jour, en effet, est complètement levé et le soleil, tout là-bas, énorme boule rouge qui monte lentement, commence à envoyer ses rayons sur l’oasis dont il fait claquer les verdures puissantes, ensanglante les montagnes qui bornent l’horizon et vient accrocher, à la pointe des baïonnettes, des étincellements d’argent poli.


À peine le dernier retardataire nous a-t-il rejoints et a-t-il déposé son sac, que le sifflet du capitaine retentit.

— Garde à vos ! rompez faisceaux ! Par sections, à droite alignement !

— Qu’est-ce qu’il va nous faire faire ? dis-je au Crocodile, qui se trouve à côté de moi.

— Je ne sais pas. Il est bien fichu de nous faire marcher comme ça, par sections, en colonnes de compagnie. Ah ! la vieille carne !

Eh ! parbleu, oui ! il était fichu de le faire, car il l’a fait. Au milieu du sable où l’on enfonce jusqu’aux chevilles, sous un soleil brûlant qui tombe d’aplomb, gravissant les monticules et descendant dans les ravinements que creusent les grands vents, nous avons fait les quinze ou seize kilomètres qui nous restaient encore à faire, alignés comme à la parade, les sections à distance entière, ainsi que sur le champ de manœuvres. Chaque fois qu’un homme tombait ou restait en arrière, le capitaine arrêtait la compagnie et lui faisait faire du maniement d’armes jusqu’à ce