Page:Darien - Biribi (Savine 1890).djvu/172

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— Lucas ! Lucas !…

Rien ne répond.

— Il nous faudrait des cordes, des ceintures, dit Chaumiette.

Nous grimpons sur un monticule et, de là, nous appelons à l’aide à grands cris. Une dizaine d’hommes accourent. Un chaouch aussi.

— Qu’est-ce qu’il y a ? qu’est-ce qu’il y a ?

— Lucas vient de tomber dans ce puits-là en faisant son fagot.

— Oui ? ricane le chaouch. En faisant son fagot ? Et ces deux nids de pigeons ?

— Vite, des ceintures, crie Chaumiette. Nouez-les bout à bout. Je vais m’attacher par le milieu du corps et je vais descendre. Il n’est peut-être pas mort. En tous cas, il faut le remonter. On ne peut pas le laisser là une minute de plus.

— Mais toi, tu risques ta vie aussi, en descendant là-dedans.

— Bah ! laisse donc. Qu’est-ce que ça fout ?

— Attends un peu, au moins, voilà des camarades qui arrivent. On pourrait doubler les ceintures…

Chaumiette n’a rien voulu entendre. Il dégringole rapidement, retenu par la corde formée avec les ceintures que nous tenons à plusieurs. Tout d’un coup, il s’arrête. On ne le voit plus, mais on entend sa voix sortir du puits.

— Tenez bien la corde… Je l’ai trouvé. Il ne remue plus. Passez-moi vite une autre corde, que je l’attache… Bon. Maintenant, tirez… doucement. Je le pousserai en dessous, tout en remontant.

Trois minutes après, nous hissons le corps encore chaud de Lucas. Il s’est fracassé le crâne sur un rocher. Chaumiette, les mains et les bras en sang, les