Page:Darien - Biribi (Savine 1890).djvu/217

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— Vos cris empêchent tout le monde de dormir. Voilà les sergents qui assurent que vous ne leur laissez pas fermer l’œil.

— Mon capitaine, je ne crie et je ne me plains que parce que je souffre. On a serré les fers tellement fort que j’ai les poignets brisés. Vous pouvez regarder si ce n’est pas vrai.

— Je m’en moque, vous n’avez que ce que vous méritez.

— Mon capitaine, un homme ne mérite jamais d’être traité comme je le suis. Si vous aviez un peu de cœur, vous le comprendriez…

— Le bâillon ! mettez-lui le bâillon ! s’est écrié le tortionnaire aux trois galons.

Et les chaouchs, après avoir enfoncé de force un chiffon sale dans la bouche de leur victime, lui ont entouré la tête avec des serviettes et des cordes.

— Toute la nuit, nous dit Rabasse, il est resté là, jeté sur le sable comme un paquet. Et ce matin, au jour, le factionnaire, ne le voyant pas remuer, s’est approché. Il l’a secoué et s’est aperçu qu’il était mort étouffé. Aussitôt, le capitaine l’a fait mettre dans le tombereau du génie et…

— Oui, nous avons rencontré l’Amiral en route.

— Ah ! si tu avais vu le camp ce matin ! s’écrie le Crocodile. Tout le monde était en révolution. Vrai ! je ne sais pas comment ils sont encore en vie, les chaouchs !

— Il faudrait pourtant se décider, dit Acajou. Moi, je mets une boule noire, et toi ?


Moi, je mets une boule blanche. Oui, une boule blanche. Je viens de jeter un coup d’œil sur les visages des individus qui m’entourent et, certes, si j’ai