Page:Darien - Biribi (Savine 1890).djvu/75

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têtes, et il y a bien des chances pour que vous finissiez mal. Le mieux, c’est de supporter tout sans rien dire ; de faire l’imbécile, en un mot. Il ne faut pas jouer au malin, là-dedans. Tu sais, on y laisse sa peau facilement.

— Pour sûr ! s’écrie un troisième. J’ai vu le cimetière des Disciplinaires en passant, en allant à Aïn-Meleg. Il y a plus de petites croix qu’il n’y a de brins d’herbe.

— Allons, allons ! reprend un brigadier qui trouve qu’on pousse les choses un peu trop au noir, il ne faut pas non plus charger le tableau de gaîté de cœur. On n’est pas bien à Biribi, c’est clair, mais on n’y claque pas toujours. Et puis, en se conduisant bien, on peut en sortir…

— Ah ! bah ! avant la fin de son congé ?

— Certainement. Au bout d’un an, de six mois même. Ça dépend.

— Enfin, ce n’est qu’un mauvais quart d’heure à passer ; du moment que ça compte sur le congé, c’est le principal, me dit en me serrant la main un de mes compagnons de prison qui vient de s’échapper du marabout des hommes punis. Moi aussi, j’ai pas mal de punitions, et il n’y aurait rien d’impossible… ma foi, oui, je pourrais bien aller te rejoindre d’ici quelque temps.

— C’est ça, viens me retrouver. Je te réserverai une pioche et je te ferai matriculer une brouette…


Tout le monde est parti. J’essaye de dormir, mais je ne peux y arriver.

En me retournant, j’aperçois quelque chose dans un coin. Qu’est-ce que c’est ?

C’est un recueil de ces feuilletons que publie le