Page:Darien - La Belle France.djvu/134

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

dont les opérations échappent à tout contrôle. Le Parlement, c’est certain, aurait pu — aurait dû — exercer depuis trente ans la surveillance la plus étroite sur lesdites opérations ; cette surveillance, il n’a jamais tenté de l’exercer ; par lâcheté ; par ignorance ; par calcul. Plus, même. Lorsque les scandales les plus honteux ont éclaté, lorsque les négligences les plus criminelles ont été mises à découvert, lorsqu’un député courageux apporte à la tribune les preuves innombrables et irréfutables de l’incapacité, de l’insouciance, des malversations, des complaisances coupables de la gent galonnée ; lorsqu’il démontre que les ressources du pays sont mises par elle en coupe réglée et que, du haut en bas de la hiérarchie soldatesque, le même parti-pris se retrouve de dilapidation des deniers publics et des forces vives de la nation ; lorsqu’il met en lumière les tripotages, les gaspillages militaires : la Chambre refuse de l’écouter, de prêter l’oreille à ses adjurations. Elle sanctionne le pillage ; elle admet la curée ! Elle n’a que des éloges pour les forfaits qu’on lui dénonce, que des applaudissements pour leurs auteurs. Il ne faut point, en effet, « irriter l’armée qui doit contenir les factieux de l’intérieur. » Et ces factieux-là, sur l’ordre des représentants qu’ils se sont donnés, ont pour devoir, et même pour unique raison d’être, de continuer à entretenir l’armée — ou plutôt l’oligarchie à panaches — qui doit les contenir, qui doit les maintenir dans une respectueuse servitude et qui exige d’eux, en retour des ridicules parades dont elle consent à leur offrir le spectacle, le tribut de leurs sueurs et de leur sang.

Des parades. L’armée, depuis trente ans, n’a pas offert autre chose à la France. « Elle a fourni à la nation, disait récemment un ministre, tant de gages d’avenir, de raisons de croire et d’espérer ! » Lesquelles ? Des parades. L’armée, dit-on, c’est la Grande Muette. Grande ! Nombreuse, oui. Muette ? Faut voir. Quand elle ouvre la gueule, ce n’est pas pour hurler ; plus pratique que ça, l’armée ! c’est pour qu’on y enfourne de la galette ; et elle a une chouette descente de gosier, graissée par les