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sément remarquable. L’organisation de l’armée française a été péniblement copiée sur celle d’une armée voisine ; avec maladresse, même, et une maladresse voulue, car on en a éliminé, dans des intérêts de classe, tout ce qui pouvait assurer une mobilité absolue et rapide. L’instruction militaire de la nation est incomplète, mauvaise ; on ne cherche pas à apprendre aux soldats à faire la guerre, mais simplement à redouter leurs chefs ; les choses les plus nécessaires sont sacrifiées aux besoins des parades imbéciles, aux exigences de traditions ineptes, aux nécessités d’une discipline abominable. Les différents services qui assurent l’existence de l’armée, sur lesquels repose son efficacité, sont livrés au désordre le plus complet, sont dans un état permanent de désarroi. Les perfectionnements apportés à l’armement, et dus pour ainsi dire sans exception à l’industrie privée, ne sont admis par les autorités militaires qu’à leur corps défendant, presque toujours lorsqu’il est trop tard, et souvent dans des conditions à déplorer. Les études, les travaux et les plans des états-majors ne sauraient être pris au sérieux. L’unité de direction fait défaut. L’hésitation, l’incurie, sont partout.

Les preuves de ce pitoyable état de choses, hélas ! sont innombrables. Faut-il parler des misérables expéditions coloniales qui ont mis au jour tant d’incapacité, tant de criminelle ignorance, tant de turpitudes de toutes sortes ? Faut-il ajouter qu’elles ont donné la stricte mesure de ce que le pays peut attendre, en cas de guerre continentale, de la gent empanachée à laquelle il a remis le soin de sa défense ?… On se plaisait, dernièrement, à se moquer de l’incompétence des généraux anglais opérant dans l’Afrique du Sud ; on oubliait qu’il n’est pas une seule des erreurs et des sottises qu’on peut leur reprocher dont les généraux français ne donnent sans cesse le spectacle, souvent considérablement augmenté, aux grandes manœuvres. À Spion Kop, le général anglais qui commanda l’attaque mit simplement en pratique, dans la mesure de ses faibles moyens, les procédés intelligents chers au général de Négrier et à plusieurs de ses collègues. Nous