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tion est profondément détestable. Ce ne sont pas les biens de main-morte qu’il faut saisir. Ce ne sont même pas les biens des clergés de toutes dénominations — qui, de deux choses l’une : ont une existence légale ou n’en ont pas ; et, n’ayant pas d’existence légale, ne peuvent posséder ; ou ayant une existence légale, peuvent posséder seulement en vertu de l’autorisation d’existence qu’on peut leur retirer sans crier gare. L’argument de Thouret est toujours bon. — C’est la terre tout entière, le sol de la patrie, qu’il faut saisir. Il ne faut pas nationaliser la terre : ce serait commettre à nouveau la grossière erreur — fut-ce une erreur ? — que commit la Révolution Française ; ce serait perpétuer le système de propriété individuelle du sol. Il faut communaliser la terre. Il faut la communaliser par le moyen de l’impôt unique, de l’impôt sur la terre. Voilà ce qu’il faut faire.

J’ai surtout parlé ici du Prêtre et de la Femme. Je voudrais ajouter quelques mots. L’esclavage de la femme, imposé par l’homme et surtout par l’Église, n’existe en réalité que pour entretenir la misère, c’est-à-dire pour perpétuer la propriété individuelle du sol. Les femmes riches ne doivent pas être libres, parce qu’elles pourraient faire un mauvais usage de leur fortune ; donner aux déshérités, par exemple, un appui effectif ; porter atteinte, ce faisant, au système de propriété privée, qui ne peut exister que par l’équilibre immonde du luxe et de la détresse. Les femmes pauvres ne doivent pas être libres, parce qu’elles pourraient demander le salaire de leur énorme travail ; et réduiraient ainsi la somme d’indigence nécessaire au système de la propriété privée ; le rendrait, par conséquent, impossible. Le Prêtre veille à ce que la femme ne soit pas libre. La suppression de la propriété individuelle du sol fera disparaître l’esclavage de la femme. Ce système de propriété, imbécile et meurtrier, étant aboli, on aura intérêt à avoir le moins de misère possible ; par conséquent, le moins de servitude possible. Et si quelque cause de malheur existe encore, c’est la femme qui la découvrira, qui