Page:Darien - La Belle France.djvu/218

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occuper la seconde. Les rédacteurs des journaux français, cependant, parviennent à donner à leurs fidèles quelque idée de ce qui se passe dans l’univers. Leurs conceptions sont généralement bizarres ; elles se résument, pour abréger, en ceci : que la France est une grande et fière nation, que tous les autres pays l’envient férocement, sont jaloux de l’alliance qu’elle a conclue avec le petit père des Cosaques, et ne se consolent pas de voir son influence s’étendre tous les jours. Ces affirmations sont en contradiction avec les faits, je l’avoue ; mais elles sont présentées de bonne foi, en toute ignorance de cause ; leurs auteurs, il est juste de le reconnaître, ne font même pas preuve de partialité complète envers leur pays. Ils traitent sa langue en ennemie. Ils ont l’air de lui en vouloir ; et la dédaignent certainement.

Toute cette presse s’occupe d’affaires, comme on dit, et se montre hospitalière aux gens avisés qui savent reconnaître que sa publicité a son prix. Elle indique au petit capitaliste perplexe et aux personnes économes de bonnes façons de placer leur argent. Il arrive que ces indications sont funestes. Tout arrive. Du reste, tous les journaux français sont d’accord sur ce point : la France doit être fière de souscrire beaucoup d’emprunts. Ils sont aussi d’accord sur cet autre point : qu’il n’y a rien de plus dangereux que d’écrire pour dire quelque chose. Et c’est un péril dont ils se gardent avec le plus grand soin. Néanmoins, ils prétendent avoir une influence toute-puissante sur l’opinion publique ; ils se vantent même de la faire naître, spontanément.

En réalité, il est bien rare qu’une opinion publique soit perceptible en France. Quand elle existe, ce n’est point la Presse française qui la crée. C’est M. de Blowitz.

Une affaire récente a démontré la complète inanité de la Presse française. Il n’y a plus d’illusions à se faire à ce sujet-là. L’action de la Presse française a cessé d’exister, même en France. Dans l’affaire en question, elle ne fit preuve des deux côtés, que d’une platitude sans égale et d’une inintelligence désarmante. Il est probable que