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produites, étaient nécessaires. Elles n’ont été rendues inévitables que par la nonchalance d’esprit et la vaniteuse stupidité des foules. Il y a des siècles que l’humanité aurait pu échapper au vampire qui boit son sang, à la griffe de tous les vieux crimes sociaux que vint rajeunir et diviniser le christianisme. Si, au lieu de dénigrer ou de martyriser les grands hommes qui lui prêchèrent la révolte, elle avait prêté l’oreille à leur voix ; si elle avait refusé d’écouter les charlatans féroces qui lui donnaient le choix entre la nuit des cryptes et le rougeoiement des champs de bataille, elle serait depuis bien longtemps en possession des outils d’affranchissement qu’elle possède aujourd’hui, et elle en aurait fait un usage logique. Son évolution embryonnaire eût été normale et courte. Mais, dans les tentatives qu’elle fit pour échapper aux souffrances qu’elle s’était elle-même infligées, elle ne sut que passer des mains du bourreau qui la suppliciait aux mains d’un nouveau tortionnaire. Tout ce que surent faire les peuples les plus épris de l’indépendance réelle, fut de s’opposer (et plutôt instinctivement que de propos délibéré) à ce que la propriété individuelle du sol se transformât dans un sens qui la rendait plus invulnérable ; et par conséquent, de préserver dans une certaine mesure leur individualité. Les autres peuples, se débattant dans leur misère comme des damnés sur leurs grils, ayant perdu même l’instinct qui les avertissait confusément des causes de leurs souffrances, et cherchant à remplacer cet instinct par l’impotence vaniteuse d’une raison décevante, se roulèrent convulsivement d’un régime politique à un autre, tandis que la main crochue des détenteurs du sol s’appesantissait de plus en plus sur la terre. De cela, la France a fait la triste expérience dans ses longs efforts à la recherche du meilleur des despotismes. Despotismes ; car, ainsi que le dit J. S. Mill. « tout ce qui écrase l’individualité est despotisme, quel que soit le nom qu’on lui donne. »

Mais les formes que peut revêtir le despotisme ne sont pas en nombre illimité. Il vient un moment où elles s’é-