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dans sa recherche du bonheur et à la poursuite du progrès. Ainsi pensent les Français. Ce que fut au juste la Révolution de 1789, les Français l’ignorent. Je le sais, et je vais le dire. Mais, auparavant, deux mots.



Pendant des années, des siècles, les momies peuvent se moquer de la vie ardente dont elles ont la menteuse apparence ; jusqu’à ce que la Nature se réveille une fois de plus de son sommeil et rende à la poussière le simulacre vain.
Schiller.


Vingt ans ne s’écouleront pas, dix ans même, et peut-être moins, avant que l’histoire de la Révolution Française, telle qu’on l’écrit et qu’on l’enseigne aujourd’hui, soit considérée dans le monde entier comme la plus répugnante des fables. Les Français qui se flattent d’avoir, par le mouvement de 1789, donné la liberté à l’univers, seront cruellement détrompés et seront obligés de se convaincre qu’ils n’ont été que les risibles dupes d’une mystification énorme ; qu’ils ont été, simplement, les aveugles instruments du grand complot machiné par les éternels bourreaux de l’humanité, qui voulaient forger pour leurs victimes le carcan d’une nouvelle servitude. Les mythes révolutionnaires s’évanouiront, et s’effondreront les systèmes plus ou moins ingénieux imaginés pour leur donner l’apparence de la vérité. Devant les faits et devant les preuves — devant les aveux, peut-être — il n’y aura plus de place pour la fiction, d’où qu’elle vienne.

Que la vanité française soit rudement froissée, tant pis ; que l’imbécillité cruelle de la hideuse bourgeoisie, que la meurtrière habileté du cléricalisme soient mises en évidence une fois de plus, tant mieux. Les Français aiment à se figurer, si faible qu’ait été la part qu’ils ont prise à un événement, que le rôle qu’ils ont joué fut considérable.