Page:Darien - La Belle France.djvu/71

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’existence d’une institution comme l’Académie est devenue un danger pour elle. Elle a la honte de voir le salon des Dos Verts transformé en quartier général des scélérats qui conspirent contre elle ; peut-être demain elle aura la honte de voir un nouveau coup d’État mené à bien par M. Homais, en uniforme d’académicien. Le plus honteux, c’est qu’elle sait parfaitement à quoi s’en tenir sur la valeur des gens qui la gouvernent aujourd’hui, et encore mieux sur le mérite des fripons qui aspirent à la gouverner demain ; elle sait que les premiers ne valent pas cher, mais que les autres vaudraient beaucoup moins. Elle ne se fait pas la moindre illusion sur le compte de la bande de politiciens qui la grugent depuis trente ans, qui remplissent, à ses dépens, l’escarcelle opportuniste ou la besace radicale ; elle n’ignore point que les Thénardiers du Nationalisme aspirent à ajouter la tuerie au pillage, rêvent de fouilles sinistres au milieu du sang, leurs bissacs gonflés de butin sur le garrot de Coppée, le couteau du grand-père de Vogué à la main pour l’égorgement des blessés. Elle comprend parfaitement que, si elle ne fait pas preuve d’énergie, et d’une grande énergie, elle ne cessera jamais d’être dupe que pour devenir victime. Elle connaît la nullité sanguinaire des Nationalistes de parade, pitres qui ne craignent pas d’exposer sur tous les tréteaux l’ignominie de leurs concupiscences ; elle connaît la nullité plus complète et plus sanguinaire encore des Nationalistes honteux, chacals à bavettes qui font les difficiles, qui ne veulent manger de la chair de pauvre que si on la garnit de cresson d’urinoir : le Deschanel, avorton du crachoir, le Hanotaux, foutriquet du rond-de-cuir ; des Deschanaux sans nombre ; des Hanotel fort nombreux. Elle comprend que tout ça, au fond, c’est la même clique ; elle comprend que, avec de simples différences de ventres vides à panses pleines, elle n’a devant elle que des voleurs et des meurtriers de miséreux, des thuriféraires du Veau d’or. Mais elle aime à voir encenser le dieu du Capital ; elle tient à lui faire hommage de ses génuflexions et de ses offrandes. Elle n’est pas lasse des meurtriers. Elle