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clérical et prétorien, des transformations agréables aux monarques du voisinage, l’enseigne disparaîtra comme d’elle-même et le changement de régime s’effectuera tout seul, naturellement. Les transformations qu’ils rêvent, ils ne les indiquent pas clairement ; pas plus qu’ils n’exposent leur conception du patriotisme, pas plus qu’ils ne définissent le mot Patrie. C’est dommage ; car ils savent certainement ce qu’ils ne disent point ; et l’on perd, par leur silence, l’occasion d’apprendre des choses qu’il serait très important de savoir, et qu’on ne sait pas.

Qu’est-ce que c’est que le patriotisme ? Qu’est-ce que c’est que la patrie ? Les Nationalistes, dont c’est le métier d’être patriotes, devraient donner des réponses exactes, fournir des formules précises. Ils parlent « d’idées communes que nous avions autrefois ; de vieille civilisation spéciale ; de caractère propre ; des vérités françaises. » Si vous n’êtes point satisfaits, ils vous confient gravement « qu’il y a une conscience nationale, un culte de nos traditions nationales, de nos franchises et de notre drapeau. »

Et si vous vous récriez, si vous demandez quel est le sens de tout ce verbiage idiot, si vous demandez quels mensonges, quelles sottises et quelles saletés il y a derrière ces mots vides et ces phrases creuses, ils vous chuchotent à l’oreille « que la France doit rentrer en possession d’elle-même, se reprendre, » et ils murmurent des choses confidentielles au sujet des « destinées certaines de notre terre, des besoins de notre sol et de nos morts. »

C’est vrai ! Leurs morts ont des besoins. Quels besoins ?… Et d’abord, comment s’appelaient-ils, vos morts ? Quels noms d’assassins, de traîtres et de crapules portent-ils dans l’histoire ? Catherine de Médicis ? Ravaillac ? Jean Chouan ? Cadoudal ? Bourmont ? Bazaine ? Henry ?… Montrez-les, vos morts ! Allons, exhibez-les, vos charognes !…

Et il faudrait prendre ça au sérieux ; il faudrait ne pas rire quand à propos de patriotisme ils vous parlent, avec le cuistre Renan, de « lien moral, de possession commune d’un riche legs de souvenirs » ; il faudrait ne point hausser