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CHAPITRE III

ORIGINES


Comment le dieu du ciel est-il devenu le dieu organisateur, le dieu suprême, le dieu moral ? Comment la conception abstraite s’est-elle entée sur la conception naturaliste ? Quel rapport entre l’attribut matériel et la fonction ? De ce problème les Védas donnent la solution.

Si loin que le regard aille, il touche au ciel : tout ce qui est, est dans cette voûte immense ; tout ce qui naît et meurt, naît et meurt dans ses bornes. Or, tout ce qui se passe en lui se passe suivant une loi qui jamais ne se dément : jamais l’Aurore n’a manqué au rendez-vous du matin, oublié la place où elle doit reparaître, l’instant où elle doit ranimer le monde. Nuit et Lumière savent leur heure, et, toujours, au moment voulu, la Noire a laissé place à la Blanche ; par un lien éternel enchaînées, dans le chemin infini qui s’ouvre, elles vont, instruites par un dieu, les deux immortelles, rongeant l’une l’autre leurs couleurs : elles ne se heurtent pas, ne s’arrêtent pas, les deux sœurs fécondes, diverses de forme, semblables d’âme. Ainsi vont les jours avec leurs soleils, les nuits avec leurs étoiles, saisons après saisons ; toujours le ciel, d’une