Page:Darmesteter - Le Mahdi.djvu/59

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sionnaire de la secte, Abou-Abdallah, avait prêché avec un rare succès par la parole et l’épée. La Tunisie et Constantine étaient à lui. Il annonçait que le Mahdi allait paraître et subjuguer la terre, qu’il allait ressusciter les morts et faire lever le soleil du côté du couchant (42). Le Mahdi, se rendant à l’appel de son apôtre, est arrêté en Tripolitaine et jeté en prison par le gouverneur des Aghlabites, la dynastie locale, vassale du khalifat de Bagdad ; son lieutenant n’en continue pas moins sa marche triomphale, chasse le prince aghlabite et, en l’absence du Mahdi empêché, proclame Dieu pour régent. Pendant plusieurs mois, les monnaies, au lieu de porter un nom de souverain, portèrent ces mots : « J’ai accompli le témoignage de Dieu ; que les ennemis de Dieu soient dispersés ! » ; il fait graver sur les armes : « Armes pour combattre la cause de Dieu », et sur la cuisse des chevaux : « À Dieu appartient le royaume. » Dieu ainsi intronisé pour l’interrègne, il marche sur la ville où est emprisonné son représentant terrestre, le