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DESCRIPTION DES RACES.

gescente, et ne devient que légèrement caronculeuse sur les oiseaux âgés : celle qui entoure les yeux l’est par contre fortement, et très-élargie. Elle se développe parfois à un degré tel qu’un oiseau appartenant à M. Harrison Weir ne pouvait qu’avec peine apercevoir sa nourriture par terre. Dans un autre individu, les paupières étaient presque le double de celles du Bizet. Les pattes sont fortes et grossières, plutôt proportionnellement plus courtes que dans le Bizet. Le plumage est ordinairement foncé et uniforme. On peut donc, en résumé, regarder les Barbes comme des Messagers à bec court, et étant, relativement à ceux-ci, ce que le Tronfo d’Aldrovande est au Pigeon Runt commun.

GROUPE III.

Ce groupe est artificiel, et comprend une collection hétérogène de formes distinctes. On peut le définir, dans les échantillons bien caractérisés des différentes races, par son bec, plus court que dans le Bizet, et par le faible développement de la membrane qui entoure ses yeux.

Race v. — Pigeons Paons.

Sous-race I. — Races européennes (Pfauen-Tauben : Trembleurs). Queue étalée, redressée, composée de plumes nombreuses ; glande huileuse atrophiée ; bec et corps un peu courts.

Dans le genre Columba les rectrices sont normalement au nombre de 12 ; chez les Pigeons Paons ce nombre peut varier depuis 12 jusqu’à 42, d’après MM. Boitard et Corbié. Dans un oiseau que j’ai eu en ma possession, j’en ai compté 33, et M. Blyth[1] en a compté 34 sur une queue imparfaite à Calcutta. Sir W. Elliot m’informe qu’à Madras le nombre type est 32 ; mais en Angleterre on estime moins le nombre des plumes que la position de la queue et son expansion. Les plumes sont disposées irrégulièrement sur deux lignes ; leur redressement et leur étalage permanents en forme d’éventail constituent un caractère plus remarquable que leur nombre. La queue est susceptible des mêmes mouvements que chez les autres Pigeons, et peut s’abaisser jusqu’à balayer le sol. Sa base est plus élargie que dans les pigeons ordinaires, et j’ai pu constater dans trois squelettes la présence d’une ou deux vertèbres coccygiennes supplémentaires. Je n’ai trouvé aucune trace de la glande huileuse dans un grand nombre d’individus de toutes couleurs et de pays divers ; il y a donc là un cas curieux d’atrophie[2]. Le cou est mince et renversé en arrière, la poitrine large et saillante,

  1. Ann. and Mag. of nat. history, vol. xix, 1847, p. 105.
  2. Cette glande se trouve dans la plupart des oiseaux ; cependant Nitsch (Ptérylographie, 1840, p. 55), en a constaté l’absence dans deux espèces de Columba, dans plusieurs espèces de perroquets et d’outardes, et dans presque tous les oiseaux de la famille des autruches. Les deux espèces de Columba, auxquelles manque la glande graisseuse, ont un nombre inusité de plumes caudales, soit 16, et sous ce rapport ressemblent aux Pigeons Paons ; cette coïncidence ne paraît guère devoir être accidentelle.