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DINDONS.

animal ; que cependant ladite race de chiens ait, dans cinq cas peu éloignés les uns des autres, et dans le même pays, donné naissance à des loups parfaits sous tous les rapports ; il nous faudrait encore supposer que, dans deux des cas, les loups nouvellement produits se seraient ensuite multipliés au point d’exterminer la souche mère. Une forme aussi remarquable que le P. nigripennis, nouvellement importée, eût eu une grande valeur ; il est donc improbable que son introduction ait pu passer inaperçue, et que son histoire se soit ultérieurement perdue. En somme, les faits me paraissent évidemment favorables à l’opinion que la race à épaules noires est une variation, due soit à l’action du climat de l’Angleterre, soit à une autre cause, telle que le retour à un état primitif et éteint de l’espèce. Si donc le paon à épaules noires est une variété, c’est l’exemple le plus remarquable qui ait jamais été enregistré de l’apparition soudaine d’une forme nouvelle, ressemblant assez à une véritable espèce pour tromper un de nos ornithologistes les plus experts.

DINDON.

M. Gould[1] paraît avoir suffisamment établi, d’après ce que nous savons de sa première introduction, que le dindon descend d’une espèce Mexicaine sauvage (Meleagris Mexicana), que les indigènes avaient déjà domestiquée avant la découverte de l’Amérique, et que l’on considère généralement comme spécifiquement distincte de l’espèce sauvage commune des États-Unis. Quelques naturalistes, toutefois, pensent que les deux formes ne sont que des races géographiques bien accusées. Quoi qu’il en soit, le cas mérite d’être examiné, parce que, dans les États-Unis, les dindons mâles sauvages s’apparient très-facilement avec les femelles de la race domestique, qui elle-même provient de la forme mexicaine[2].

On a plusieurs récits de jeunes oiseaux provenant d’œufs de

  1. Proc. zool. Soc., 8 Avril 1856, p. 61. — Le professeur Baird (cité dans Tegetmeier, Poultry Book, 1866, p. 269), croit que nos dindons proviennent d’une espèce des Indes occidentales actuellement éteinte. Mais à l’improbabilité qu’un oiseau se soit éteint dans ces grandes îles si luxuriantes, il faut encore ajouter ce fait que, le dindon dégénérant dans l’Inde, il n’a pas dû être primitivement un habitant des basses régions tropicales.
  2. Audubon, Ornithological Biograph., vol. I, 1831, p. 4–13, — et Naturalist’s Library, vol. xiv, Birds, p. 138.