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Page:Darwin - De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, tome 2, 1868.djvu/436

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DE LA PANGENÈSE.

type de ses deux parents, et ressembler à ses grands-parents ou même à des ancêtres éloignés par un nombre considérable de générations.

Conclusion. — Appliquée aux diverses grandes classes de faits que nous venons de discuter, l’hypothèse de la pangenèse est sans doute fort complexe, mais les faits à expliquer ne le sont pas moins. Les suppositions sur lesquelles repose l’hypothèse ne sont cependant pas très-compliquées — à savoir, que les unités organiques possèdent à côté de la propriété qu’on leur reconnaît ordinairement de s’accroître par division sponnée, celle d’émettre des gemmules ou des parcelles libres infiniment ténues de leur contenu. Celles-ci se multiplient et s’agrègent pour former les bourgeons et les éléments sexuels ; leur développement dépend de leur union avec d’autres unités ou cellules naissantes, et elles peuvent être transmises à un état dormant aux générations successives.

Dans un animal complexe et doué d’une organisation supérieure, les gemmules émises par chaque cellule ou unité du corps, doivent être infiniment nombreuses et petites. Chaque unité de chaque partie doit émettre ses gemmules, à mesure qu’elle change pendant le cours du développement, dont le nombre des phases peut être très-considérable, comme chez quelques insectes par exemple. Tous les êtres organisés doivent, en outre, renfermer des gemmules dormantes dérivées de leurs grands-parents et de leurs ancêtres encore plus éloignés, mais pas de tous. Ces gemmules presque infiniment petites et nombreuses doivent se trouver dans chaque bourgeon, ovule, spermatozoïde et grain de pollen. Une pareille supposition est inadmissible, dira-t-on, mais il faut se rappeler que nombre et grandeur ne sont que des difficultés relatives, et que certains animaux ou plantes peuvent produire un nombre d’œufs ou de graines qui dépasse notre conception.

Les parcelles organiques qui, émises par certains animaux odorants, imprègnent l’atmosphère sur de grandes étendues, doivent être infiniment nombreuses et ténues ; elles affectent cependant avec force les nerfs olfactifs. Les molécules contagieuses de certaines maladies qui sont assez fines pour flotter dans l’atmosphère et adhérer sur du papier glacé, en sont encore un exemple frappant ; et on sait à quel point elles se