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que font entendre d’autres espèces, actes pendant lesquels les coins de la bouche se retirent en arrière et les paupières inférieures se plissent. L’extérieur des oreilles est singulièrement semblable. L’homme a un nez beaucoup plus proéminent que la plupart des singes ; mais nous pouvons déjà apercevoir un commencement de courbure aquiline sur le nez du Gibbon Hoolock ; cette courbure du même organe est ridiculement exagérée chez le Semnopithecus nasica.

Beaucoup de singes ont le visage orné de barbe, de favoris ou de moustaches. Les cheveux atteignent une grande longueur chez quelques espèces de Semnopithèques[1] ; chez le Bonnet chinois (Macacus radiatus), ils rayonnent d’un point du vertex avec une raie au milieu, absolument comme chez l’homme. On admet généralement que l’homme doit au front son aspect noble et intelligent ; mais les poils touffus de la tête du Bonnet chinois se terminent brusquement au sommet du front, lequel est recouvert d’un poil si court et si fin, un véritable duvet, que, à une petite distance, à l’exception des sourcils, il paraît être entièrement nu. On a affirmé par erreur qu’aucun singe n’a de sourcils. Chez l’espèce dont nous venons de parler, le degré de dénudation du front varie selon les individus ; Eschricht constate[2], d’ailleurs, que, chez nos enfants, la limite entre le scalpe chevelu et le front dénudé est parfois mal définie ; ce qui semble constituer un cas insignifiant de retour vers un ancêtre dont le front n’était pas encore complètement dénudé.

On sait que, sur les bras de l’homme, les poils tendent à converger d’en haut et d’en bas en une pointe vers le coude. Cette disposition curieuse, si différente de celle que l’on observe chez la plupart des mammifères inférieurs, est commune au gorille, au chimpanzé, à l’orang, à quelques espèces d’hylobates, et même à quelques singes américains. Mais, chez l’Hylobates agilis, le poil de l’avant-bras se dirige comme à l’ordinaire vers le poignet ; chez le H. lar, le poil est presque transversal avec une très légère inclinaison vers l’avant-bras, de telle sorte que, chez cette dernière espèce, il se présente à l’état de transition. Il est très probable que, chez la plupart des mammifères, l’épaisseur du poil et la direction qu’il affecte sur le dos servent à faciliter l’écoulement de la pluie ; les poils obliques des pattes de devant du chien servent sans doute à cet usage lorsqu’il dort enroulé sur lui-même. M. Wallace remarque que chez l’orang (dont il a soigneusement étudié les mœurs)

  1. Isid. Geoffroy, Hist. gén., t. II, p. 217.
  2. Ueber die Richtung des Haare, etc., Müller’s Archiv für Anat. und Physiolog., 1837, p. 51.