Page:Darwin - La Descendance de l’homme, 1881.djvu/232

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ou « sous-espèces, » bien que cette dernière désignation paraisse la plus convenable. Enfin, nous pouvons conclure que les principes de l’évolution une fois généralement acceptés, ce qui ne tardera plus bien longtemps, la discussion entre les monogénistes et les polygénistes aura vécu.

Il est encore une question qu’il ne faut pas laisser dans l’ombre : chaque sous-espèce ou race humaine descend-elle, comme on l’a quelquefois affirmé, d’un seul couple d’ancêtres ? On peut, chez nos animaux domestiques, former aisément une nouvelle race au moyen d’une seule paire présentant quelque caractère particulier, ou même d’un individu unique qui possède ce caractère, en appariant avec soin sa descendance sujette à variation. Toutefois, la plupart de nos races d’animaux domestiques ne descendant pas d’un couple choisi à dessein, elles résultent de la conservation, inconsciente pour ainsi dire, d’un grand nombre d’individus qui ont varié, si légèrement que ce soit, d’une manière avantageuse ou désirable. Si, dans un pays quelconque, on préfère des chevaux forts et lourds, et, dans un autre, des chevaux légers et rapides, on peut être certain qu’il se formera, au bout de quelque temps, deux sous-races distinctes, sans qu’on ait trié ou fait reproduire des paires ou des individus particuliers dans les deux pays. Telle est évidemment l’origine de bien des races, et ce mode de formation ressemble beaucoup à celui des espèces naturelles. On sait aussi que les chevaux importés dans les îles Falkland, sont devenus, après quelques générations, plus petits et plus faibles, tandis que ceux qui ont fait retour à l’état sauvage dans les Pampas ont acquis une tête plus forte et plus commune ; il est hors de doute que ces changements ne proviennent pas de ce qu’une paire quelconque a été exposée à certaines conditions, mais de ce que tous les individus ont été exposés à ces mêmes conditions, et peut-être aussi des effets du retour. Les nouvelles sous-races ne descendent, dans aucun de ces cas, d’une paire unique, mais d’un grand nombre d’individus qui ont varié à des degrés différents, mais d’une manière générale ; or, nous pouvons conclure que les mêmes principes ont présidé à la formation des races humaines ; les modifications qu’elles ont subies sont le résultat direct de l’exposition à des conditions différentes, ou le résultat indirect de quelque forme de sélection. Nous aurons à revenir bientôt sur ce dernier point.


Extinction des races humaines. — L’histoire enregistre l’extinction partielle ou complète de beaucoup de races et de sous-races humaines. Humboldt a vu dans l’Amérique du Sud un perroquet, le