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concavum, un Locustide) monte, dit-on[1], sur les branches supérieures d’un arbre, et commence, dans la soirée, « son babil bruyant ; des notes rivales lui répondent, provenant d’arbres voisins, et font toute la nuit résonner les bosquets du Katy-did-she-did de ces insectes. » M. Bates dit, à propos du grillon des champs (un Achétide) européen :

Fig. 11. — Gryllus campestris (d’après Landois).

La figure de droite représente la surface inférieure de la nervure de l’aile, très-grossi ; st représente les dents.

La figure de gauche représente la surface supérieure de la nervure lisse saillante r, sur laquelle viennent frotter les dents transversales st.

« On a observé que le mâle se place dans la soirée à l’orifice de son terrier, et se met à chanter jusqu’à ce qu’une femelle s’approche de lui. Alors, aux notes sonores succède un ton plus doux, pendant que l’heureux musicien caresse avec ses antennes la femelle qu’il a captivée[2]. » Le docteur Scudder a réussi, en frottant un tuyau de plume sur une lime, à se faire répondre par un de ces insectes[3]. Von Siebold a découvert dans les deux sexes un appareil auditif remarquable, situé sur les pattes antérieures[4].

Les trois familles produisent les sons d’une manière différente. Chez les Achétides mâles, les deux élytres ont un même appareil musical, qui, chez le grillon des champs (Gryllus campestris, fig. 11) consiste, d’après Landois[5], en crêtes ou dents (st) transversales et tranchantes occupant, au nombre de 131 à 138, la surface inférieure d’une des nervures de l’élytre. Cette nervure dentelée est rapidement frottée contre une autre nervure (r) saillante, lisse et dure, qui se trouve sur la surface supérieure de l’aile opposée. Une des ailes est d’abord frottée sur l’autre, puis le mouvement se renverse. Les deux ailes se redressent un peu en même temps, ce qui augmente la sonorité. Chez quelques espèces, les élytres sont pourvues à leur base d’une plaque d’apparence talqueuse[6]. Je reproduis ici un dessin (fig. 12)

  1. Harris, Insects of New England, 1842, p. 128.
  2. The Naturalist on the Amazons, vol. I, 1863, p. 232. M. Bates discute d’une manière intéressante les gradations des appareils musicaux chez les trois familles, Westwood, Modern. Class., vol. II, pp. 445 et 453.
  3. Proc. Boston Soc. of Nat. Hist., vol. XI, avril 1868.
  4. Nouveau Manuel d’anat. comp. (trad. française), t. I, 1850, p. 567.
  5. Zeitschrift für wissenschaft. Zool., vol. XVII, 1867, p. 117.
  6. Westwood, o. c., vol. I, p. 440.