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petite pointe (a) qui existe sur la tête de l’Onitis furcifer femelle, ainsi que sur les femelles de deux ou trois espèces voisines, est le rudiment de la corne céphalique, commune aux mâles de beaucoup de Lamellicornes, par exemple chez le Phanaeus (fig. 18).

Fig. 22. — Figure de gauche, Onitis furcifer mâle, vu de côté.
Figure de droite, femelle. — a. Rudiment de corne céphalique.
b. Trace de corne ou crête thoracique.

On supposait autrefois que les rudiments ont été créés pour compléter le plan de la nature. On ne saurait, dans ce cas, admettre cette hypothèse, inadmissible d’ailleurs, car cette famille présente une inversion complète de l’état ordinaire des choses. Nous avons lieu de penser que les mâles portaient originellement des cornes et qu’ils les ont transmises aux femelles à l’état rudimentaire, comme chez tant d’autres lamellicornes. Nous ne saurions dire pourquoi les mâles ont subséquemment perdu leurs cornes ; il se peut que cette perte résulte, en vertu du principe de la compensation, du développement ultérieur des appendices qui se trouvent sur la surface inférieure, disparition qui n’a pu s’effectuer chez la femelle où ces appendices font défaut ; aussi cette dernière a-t-elle conservé des rudiments de cornes sur la face supérieure.

Fig. 23. — Bledius taurus, grossi.
Figure de gauche, mâle ; figure de droite, femelle.

Tous les exemples cités jusqu’ici se rapportent aux Lamellicornes ; quelques coléoptères mâles, appartenant à deux groupes très-différents, les Curculionides et les Staphylins, portent aussi des cornes ; — les premiers, à la surface inférieure du corps[1], les seconds, à la surface supérieure de la tête et du thorax. Les cornes des mâles, comme chez les Lamellicornes, sont très-variables chez

  1. Kirby et Spence, o. c., vol. III, p. 329.