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lui a valu son nom, à de très courts intervalles ; enfin il vit un autre serpent s’approcher et ils s’accouplèrent. Le professeur en conclut que l’un des buts du bruit produit par le serpent est de rapprocher les sexes, mais malheureusement il ne put constater si c’était le mâle ou la femelle qui restait stationnaire et appelait l’autre. Il ne faudrait pas conclure de ce fait que ce bruit ne soit pas avantageux au serpent à d’autres égards, comme un avertissement, par exemple, aux animaux qui pourraient les attaquer ; je suis en outre assez disposé à croire que ce bruit leur sert aussi à frapper leur proie de terreur au point de la paralyser. Quelques autres serpents font aussi entendre un bruit distinct, qu’ils produisent en faisant rapidement vibrer leur queue contre les tiges des plantes ; j’ai vu dans l’Amérique du Sud un trigonocéphale qui produisait ainsi ce bruit.

Lacertilia. — Les mâles de certaines espèces de lézards, et probablement même de la plupart d’entre elles, se livrent des combats acharnés pour s’assurer la possession des femelles, l’Anolis cristatellus qui habite les arbres de l’Amérique du Sud, est extrêmement belliqueux : « Au printemps et au commencement de l’été, deux mâles adultes se rencontrent rarement sans se livrer bataille. Dès qu’ils s’aperçoivent, ils baissent et relèvent alternativement la tête trois ou quatre fois de suite, en même temps qu’ils déploient la fraise ou la poche qu’ils ont sous la gorge ; les yeux brillant de rage, ils agitent leur queue, pendant quelques secondes, comme pour ramasser leurs forces, puis ils s’élancent furieusement l’un sur l’autre, et se roulent par terre en se tenant fortement par les dents. Le combat se termine d’ordinaire par l’ablation de la queue d’un des combattants, queue que le vainqueur dévore souvent. » Le mâle de cette espèce est beaucoup plus grand que la femelle[1] ; c’est là, d’ailleurs, autant que le docteur Günther a pu s’en assurer, la règle générale chez tous les lézards. Le Cyrtodactylus rubidus mâle des îles Andaman possède seul des glandes anales ; ces glandes, à en juger par analogie, servent probablement à émettre une odeur[2].

On a souvent observé des différences assez marquées dans les caractères externes des mâles et des femelles. L’Anolis mâle, dont nous avons déjà parlé, porte sur le dos et la queue une crête qu’il peut dresser à volonté, mais dont il n’existe aucune trace chez la femelle. Le Cophotis ceylanica femelle porte sur le dos une crête moins développée que celle du mâle ; et le docteur Günther affirme

  1. M. N. L. Austen a conservé ces animaux vivants pendant fort longtemps. Land and Water, July, 1867, p. 9.
  2. Stoliczka, Journ. of Asiatic Soc. of Bengal, vol. XXXIV, 1870, p. 166.