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CALLAO.

nage immédiat de la ville. La chasse fut bien pauvre, mais j’eus l’occasion de visiter les ruines de l’un des anciens villages indiens au centre duquel se trouve l’élévation accoutumée qui ressemble à une colline naturelle. Les ruines des maisons, des enclos, des ouvrages d’irrigation, des collines sépulcrales répandues dans cette plaine, donnent certainement une haute idée de la civilisation et du nombre de l’ancienne population. Quand on considère leurs poteries, leurs étoffes, leurs ustensiles aux formes élégantes taillés dans les pierres les plus dures, leurs outils de cuivre, leurs bijoux ornés de pierres précieuses, leurs palais, leurs travaux hydrauliques, il est impossible de ne pas admirer les progrès considérables qu’ils avaient faits dans les arts et dans la civilisation. Les collines sépulcrales, appelées huacas, sont réellement extraordinaires ; dans quelques endroits on dirait que ce sont des collines naturelles garnies d’un revêtement, puis sculptées.

On trouve aussi une autre classe de ruines toutes différentes, mais qui n’en possèdent pas moins quelque intérêt ; ce sont les ruines du vieux Callao renversé par le grand tremblement de terre de 1740 et balayé par l’énorme vague qui accompagna le choc. La destruction semble avoir été encore plus complète que celle de Talcahuano. Des amas de galets recouvrent les fondations des murs et des masses énormes de briques semblent avoir été transportées comme des cailloux par les vagues alors qu’elles se retiraient. On a affirmé que le sol s’est affaissé pendant ce mémorable tremblement de terre ; je n’ai pu trouver aucune preuve de cet affaissement. Il semble fort probable cependant que la côte a dû changer de forme depuis la fondation de la vieille ville, car personne, ayant le sens commun, n’aurait choisi, pour y bâtir une ville, la bande étroite de cailloux sur laquelle se trouvent actuellement les ruines. Depuis notre voyage M. Tschudi, en comparant de vieilles cartes avec des cartes modernes, en est arrivé à la conclusion que la côte au nord et au sud de Lima s’était certainement affaissée.

On trouve sur l’île de San Lorenzo des preuves évidentes de soulèvement pendant la période récente ; ceci n’empêche pas qu’un affaissement partiel du sol ait pu avoir lieu subséquemment. Le côté de l’île qui regarde la baie de Callao forme trois terrasses dont la plus basse, sur l’espace d’un mille, est recouverte par une couche composée presque entièrement de coquillages appartenant à dix-huit espèces qui vivent aujourd’hui dans la mer voisine. Cette couche a 83 pieds de hauteur. La plupart des coquillages qui la com-