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ARCHIPEL DES GALAPAGOS.

que quelques-unes de ces espèces représentatives, tout au moins en ce qui concerne les tortues et quelques oiseaux, ne soient après tout que des races bien définies ; mais, en admettant qu’il en soit ainsi, ce fait n’en aurait pas moins d’intérêt pour le naturaliste.

J’ai dit que la plupart de ces îles sont en vue les unes des autres ; il est bon peut-être que j’entre dans quelques détails sur ce point : l’île Charles est située à 50 milles (80 kilomètres) de la partie la plus rapprochée de l’île Chatham et à 33 milles (53 kilomètres) de la partie la plus rapprochée de l’île Albemarle. L’île Chatham est située à 60 milles (96 kilomètres) de la partie la plus rapprochée de l’île James, mais il y a deux îles intermédiaires que je n’ai pas visitées. L’île James n’est située qu’à 10 milles (16 kilomètres) de la partie la plus rapprochée de l’île Albemarle, mais les deux coins où les collections ont été faites sont à 32 milles (52 kilomètres) l’un de l’autre. Il est peut-être bon que je répète aussi que, ni la nature du sol, ni l’altitude des terres, ni le climat, ni le caractère général des individus et par conséquent leur action l’un sur l’autre, ne diffèrent beaucoup dans les différentes îles. S’il y a une différence sensible de climat, ce doit être entre le groupe d’îles qui se trouve sous le vent, c’est-à-dire les îles Charles et Chatham et celui qui se trouve au vent ; mais il ne semble pas y avoir de différence correspondante dans les productions de ces deux moitiés de l’archipel.

La seule explication que je puisse donner des remarquables différences qui existent entre les habitants de ces diverses îles est que des courants très-forts, coulant dans la direction de l’ouest et de l’ouest nord-ouest, doivent séparer, quant à ce qui concerne le transport par eau, les îles méridionales des îles septentrionales ; on a trouvé, en outre, entre ces îles septentrionales, un fort courant du nord-ouest qui sépare l’île Albemarle de l’île James. Les tempêtes de vent sont fort rares dans cet archipel, par conséquent ni les oiseaux, ni les insectes, ni les graines ne peuvent être transportés par le vent d’une île à l’autre. Enfin, la grande profondeur de l’Océan entre les îles, leur origine volcanique évidemment récente, géologiquement parlant bien entendu, semble prouver que ces îles n’ont jamais été unies l’une à l’autre ; c’est là, probablement, une considération de la plus haute importance relativement à la distribution géographique de leurs habitants. Si l’on se rappelle les faits que je viens d’indiquer on reste étonné de l’énergie de la force créatrice, si on peut employer une telle expression, qui s’est manifestée sur ces petites îles stériles et rocailleuses ; on est encore