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CHAPITRE IV


Le rio Negro. — Estancias attaquées par les Indiens. — Lacs salés. — Flamants. — Du rio Negro au rio Colorado. — Arbre sacré. — Lièvre de la Patagonie. — Familles indiennes. — Le général Rosas. — Excursion à Bahia Blanca. — Dunes de sable. — Lieutenant nègre. — Bahia Blanca. — Incrustations salines. — Punta Alta. — Le Zorillo.

Du rio Negro à Bahia Blanca.


24 juillet 1833. — Le Beagle quitte Maldonado, et le 3 août arrive à l’embouchure du rio Negro. Le rio Negro est le principal fleuve qui se trouve sur la côte, entre le détroit de Magellan et la Plata ; il se jette dans la mer à 300 milles (480 kilomètres) environ au sud de la vallée de la Plata. Il y a près de cinquante ans, le gouvernement espagnol établit une petite colonie en cet endroit ; c’est encore aujourd’hui le point le plus méridional, latitude 41 degrés, habité par l’homme civilisé sur la côte orientale de l’Amérique.

Le pays est misérable près de l’embouchure du rio Negro ; sur le côté sud du fleuve commence une longue ligne de falaises perpendiculaires, lesquelles présentent une section de la nature géologique de la contrée. Les différentes couches se composent de grès superposés ; une couche, entre autres, est fort remarquable en ce qu’elle se compose d’un conglomérat de pierres ponces fortement cimentées, pierres ponces qui doivent provenir des Andes, situées à plus de 400 milles (640 kilomètres) de distance. Partout la surface est recouverte d’une couche épaisse de cailloux qui s’étend au loin dans la plaine. L’eau est extrêmement rare et presque toujours saumâtre. La végétation est fort pauvre ; à peine rencontre-t-on quelques buissons, et encore sont-ils tous armés de formidables épines, qui semblent interdire à l’étranger l’entrée de ces régions inhospitalières.

La colonie se trouve sur les bords du fleuve, à 18 milles de l’embouchure. La route suit la croupe des falaises qui forment la limite