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Page:Daubié - L'émancipation de la femme, 1871.pdf/26

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L’ÉMANCIPATION DE LA FEMME

tionnements avant qu’on puisse faire cette affirmation avec quelque assurance.

Mais l’objection ne serait fondée que si nous voulions priver les hommes de leur droit électoral pour le transférer exclusivement aux femmes. Tous nous avons besoin de prendre mutuellement conseil, nous avons besoin que le vaisseau de l’État ait des voiles et du lest, et non, comme il arrive trop souvent aujourd’hui, quand la navigation est fatigante, qu’il ait du lest sans voiles. C’est le moindre danger que l’excès de zèle des femmes ne soit pas parfaitement contre-balancé par l’excès de prudence des hommes. Dans ces temps-ci, en matière de gouvernement, nous ne péchons pas par manque de frein, mais d’éperon, et les femmes, même avec les défauts actuels de leur éducation, sont très-propres à cet office.

À mesure que leur éducation se perfectionnera elles feront davantage ; elles ne resteront pas seulement un stimulant pour les autres, mais elles se rendront elles-mêmes capables d’accomplir leur part entière de l’œuvre. Les femmes en général ont l’esprit plus inventif que les hommes ; dans les choses où elles sont réellement intéressées, elles trouvent plus vite les moyens d’arriver à une solution, surtout pour garantir le succès qui dépend beaucoup des détails de l’exécution. Aujourd’hui c’est précisément le cas pour les tentatives propres à guérir les maux physiques et moraux de la société. Ce sont des œuvres de détail. Les hommes forment de grands projets, parfaits en principe peut-être, et rationnels dans leur conception générale, mais qui échouent dans la pratique à cause de difficultés imprévues. Beaucoup de ces projets réussiraient si les femmes contribuaient à les former.

Voilà, je pense, sur la marche générale du gouvernement et de la législation, les effets les plus marqués qui résulteraient de l’admission des femmes aux fonctions civiques. À cela nous devons ajouter que les injustices et les maux qui affectent en particulier les femmes, ne seraient pas plus longtemps considérés comme trop peu importants pour mériter quelques sérieuses tentatives de répression.