Page:Daudet - Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon, 1872.djvu/131

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tant de puissance que ce chevreau finissait par avoir l’air d’un bœuf…

Tout à coup, à quelques pas devant lui, quelque chose de noir et de gigantesque s’abattit. Il se tut… Cela se baissait, flairait la terre, bondissait, se roulait, partait au galop, puis revenait et s’arrêtait net… c’était le lion, à n’en pas douter !… Maintenant on voyait très-bien ses quatre pattes courtes, sa formidable encolure, et deux yeux, deux grands yeux qui luisaient dans l’ombre… En joue ! feu ! pan ! pan !… c’était fait. Puis tout de suite un bondissement en arrière, et le coutelas de chasse au poing.

Au coup de feu du Tarasconnais, un hurlement terrible répondit.

— « Il en a ! » cria le bon Tartarin ; et, ramassé sur ses fortes jambes, il se préparait à recevoir la bête ; mais elle en avait plus que