Page:Daudet - Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon, 1872.djvu/134

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au milieu des bastides et des bastidons.

La physionomie bourgeoise et potagère de ce paysage endormi étonna beaucoup le pauvre homme, et le mit de fort méchante humeur.


« Ces gens-là sont fous », se disait-il, « de planter leurs artichauts dans le voisinage du lion… car enfin, je n’ai pas rêvé… Les lions viennent jusqu’ici… En voilà la preuve… »

La preuve, c’étaient des taches de sang que la bête en fuyant avait laissées derrière elle. Penché sur cette piste sanglante, l’œil aux aguets, le revolver au poing, le vaillant Tarasconnais arriva, d’artichaut en artichaut, jusqu’à un petit champ d’avoine… De l’herbe foulée, une mare de sang, et, au milieu de la mare, couché sur le flanc avec une large plaie à la tête, un… Devinez quoi !…