Page:Daudet - Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon, 1872.djvu/147

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tombant aux mains des eunuques, décapité, mieux que cela peut-être, cousu dans un sac de cuir, et roulant sur la mer, sa tête à côté de lui. Cela le refroidissait un peu… En attendant, la petite pantoufle continuait son manège, et les yeux d’en face s’ouvraient tout grands vers lui comme deux fleurs de velours noir, en ayant l’air de dire :

– Cueille-nous !…

L’omnibus s’arrêta. On était sur la place du théâtre, à l’entrée de la rue Bab-Azoun. Une à une, empêtrées dans leurs grands pantalons et serrant leurs voiles contre elles avec une grâce sauvage, les Mauresques descendirent. La voisine de Tartarin se leva la dernière, et en se levant son visage passa si près de celui du héros qu’il l’effleura de son haleine, un vrai bouquet de jeunesse et de fraîcheur, avec je ne sais quel arrière-par-