Page:Daudet - Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon, 1872.djvu/151

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

guère, et, quand on veut en voir, il faut monter dans la ville haute, la ville arabe, la ville des Teurs.

Un vrai coupe-gorge, cette ville haute. De petites ruelles noires très étroites, grimpant à pic entre deux rangées de maisons mystérieuses dont les toitures se rejoignent et font tunnel. Des portes basses, des fenêtres toutes petites, muettes, tristes, grillagées. Et puis, de droite et de gauche un tas d’échoppes très sombres où des Teurs farouches à têtes de forbans — yeux blancs et dents brillantes — fument de longues pipes, et se parlent à voix basse comme pour concerter de mauvais coups…

Dire que notre Tartarin traversait sans émotion cette cité formidable, ce serait mentir. Il était au contraire très-ému, et dans ces ruelles obscures, dont son gros ventre tenait toute la largeur, le brave homme n’avançait