Page:Daudet - Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon, 1872.djvu/232

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sud, il passait ses journées à battre le maquis, fouillant les palmiers-nains du bout de sa carabine, et faisant « frrt ! frrt ! » à chaque buisson. Puis, tous les soirs avant de se coucher, un petit affût de deux ou trois heures… Peine perdue ! le lion ne se montrait pas.

Un soir pourtant, vers les six heures, comme la caravane traversait un bois de lentisques tout violet où de grosses cailles alourdies par la chaleur sautaient çà et là dans l’herbe, Tartarin de Tarascon crut entendre — mais si loin, mais si vague, mais si émietté par la brise — ce merveilleux rugissement qu’il avait entendu tant de fois là-bas à Tarascon, derrière la baraque Mitaine.

D’abord le héros croyait rêver… Mais au bout d’un instant, lointains toujours, quoique plus distincts, les rugissements recom-