Page:Daudet - Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon, 1872.djvu/240

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source, alors, pour la première fois, le Tarasconnais douta. Il douta du Monténégro, il douta de l’amitié, il douta de la gloire, il douta même des lions ; et, comme le Christ à Gethsemani, le grand homme se prit à pleurer amèrement.

Or, tandis qu’il était là pensivement assis sur la porte du marabout, sa tête dans ses deux mains, sa carabine entre ses jambes, et le chameau qui le regardait, soudain le maquis d’en face s’écarte et Tartarin, stupéfait, voit paraître, à dix pas devant lui, un lion gigantesque s’avançant la tête haute et poussant des rugissements formidables qui font trembler les murs du marabout tout chargés d’oripeaux et jusqu’aux pantoufles du saint dans leur niche.

Seul, le Tarasconnais ne trembla pas.

Enfin ! cria-t-il en bondissant, la crosse à l’épaule… Pan ! pan ! pfft ! pfft ! C’était