Page:Daudet - Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon, 1872.djvu/265

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fanfares, des chœurs d’orphéons éclatèrent… Tartarin se sentit mourir ; il croyait à une mystification. Mais non ! Tout Tarascon était là, chapeaux en l’air, et sympathique. Voilà le brave commandant Bravida, l’armurier Costecalde, le président, le pharmacien, et tout le noble corps des chasseurs de casquettes qui se presse autour de son chef, et le porte en triomphe tout le long des escaliers…

Singuliers effets du mirage ! la peau du lion aveugle, envoyée à Bravida, était cause de tout ce bruit. Avec cette modeste fourrure, exposée au cercle, les Tarasconnais, et derrière eux tout le Midi, s’étaient monté la tête. Le Sémaphore avait parlé. On avait inventé un drame. Ce n’était plus un lion que Tartarin avait tué, c’étaient dix lions, vingt lions, une marmelade de lions ! Aussi, Tartarin, débarquant à Marseille, y était déjà