Page:Daudet - Jack, I.djvu/189

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C’était Constant, la femme de chambre de sa mère, Constant endimanchée, coiffée d’un bonnet à rubans roses comme une ouvreuse de théâtre, très rouge, affairée, l’air important.

— Où est maman ? lui demanda l’enfant à voix basse, et d’un accent si ému et si anxieux, que le gros factotum en eut le cœur touché.

— Votre mère n’est pas ici, mon pauvre petit.

— Et où est-elle ?… Qu’est-ce qu’il y a ?… Qu’est-ce que c’est que tout ce monde ?

— C’est du monde qui est venu pour la vente. Mais ne restez pas là, monsieur Jack. Descendons dans la cuisine… Nous serons mieux pour causer.

Il y avait grande réunion dans le sous-sol, Augustin, la Picarde, et d’autres domestiques du voisinage. Le champagne circulait activement sur la table graisseuse où l’avenir de Jack s’était un soir décidé. L’arrivée de l’enfant fit sensation ; il fut entouré, choyé par tout l’ancien personnel de la maison, qui regrettait, en somme, une maîtresse facile et peu attentive au gaspillage. Comme il avait peur qu’on le reconduisît au gymnase, Jack eut soin de ne pas dire qu’il s’était échappé, et parla d’un congé imaginaire dont il avait profité pour venir prendre des nouvelles de sa mère.

— Elle n’est pas ici, monsieur Jack, dit Constant d’un air discret, et je ne sais pas si je dois…

Puis emportée d’un bel élan :