Page:Daudet - Jack, I.djvu/229

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des vols s’échappant dans les branches ou la tache rousse qu’un écureuil en promenade mêlait au feuillage sombre de quelque grand noyer. Quel supplice de décliner « Rosa, la rose » en plusieurs langues, tandis que la lisière du bois s’éclairait, à mi-hauteur, du reflet tendre, nouveau, des églantines sauvages ! Il ne pensait qu’à cela, être au grand air, au soleil…

— Cet enfant est idiot, s’écria d’Argenton, lorsque à ses questions, à ses arguments, Jack répondait d’un air effaré comme s’il se fût précipité pour répondre des cimes d’arbres qu’il regardait ou du nuage léger en route là-bas vers le couchant. Sa longue taille, très développée pour son âge, ajoutait à son apparence ahurie, et toute la sévérité du poëte ne servait qu’à l’interloquer encore, à gêner l’effort impuissant de sa mémoire trop encombrée.

Au bout d’un mois, d’Argenton déclara qu’il y renonçait, qu’il dépensait en pure perte un temps précieux dérobé à de sérieuses occupations. En réalité, il n’était pas fâché de s’arracher lui-même aux multiples exigences de ce règlement de fer qui l’avait asservi, emprisonné aussi bien que l’enfant. De son côté, Ida, ou plutôt Charlotte, accepta très bien cette idée que Jack était un incapable, une intelligence obstruée ; elle aimait mieux encore en convenir que d’entendre les scènes douloureuses, les colères, les larmes finales de cette éducation si difficile.