Page:Daudet - Jack, I.djvu/326

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terrain en pente que sillonnaient de nombreux railways.

Une ville en fer.

Les pas sonnaient sur des plaques de métal incrustées au sol. On marchait parmi des entassements de fer en barre, de gueuses de fonte, de lingots de cuivre, entre des rangées de canons de rebut apportés là pour être remis à la fonte, rouillés à l’extérieur, tout noirs en dedans et comme fumant encore, vieux maîtres du feu et qui allaient périr par le feu.

Roudic, au passage, indiquait les différents quartiers de l’établissement : « Voilà la halle de montage… les ateliers du grand tour, du petit tour… la chaudronnerie, les forges, la fonderie… » Il lui fallait crier, tellement le bruit était assourdissant.

Jack, ahuri, regardait avec surprise, les portes des ateliers étant presque toutes ouvertes à cause de la chaleur, un grouillement de bras levés, de têtes noircies, de machines en mouvement dans une ombre d’antre, profonde et sourde, qu’une lueur rouge éclairait par saccades.

Des bouffées de chaleur, des odeurs de houille, de terre glaise brûlée, de fer en combustion, sortaient de là avec une impalpable poussière noire, aiguisée, brûlante, gardant au soleil un scintillement métallique, cet éclat de la houille qui pourrait devenir diamant. Mais ce qui faisait le caractère vif, pressé, haletant, de tout ce grand travail, c’était un ébranlement perpé-