Page:Daudet - Jack, I.djvu/401

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Batz » en coquillage, deux raides petites poupées habillées de coquilles, dont les teintes variées reproduisaient le costume pittoresque du pays, le plastron doré sur l’épaisse jupe bleue de l’épousée et la veste courte, les braies bouffantes du mari.

Zénaïde montrait tous ces trésors avec orgueil, les renveloppait soigneusement à mesure. L’apprenti poussait des cris d’admiration et pensait tout le temps : « Qu’est-ce que je pourrais bien lui donner, moi ? »

— Et mon trousseau, Jack ? Mon trousseau, vous ne l’avez pas vu ? Attendez.

Elle prit une clef dans une tasse sur la commode, ouvrit un tiroir, en tira une autre clef ciselée et très ancienne, qui ouvrait l’armoire de chêne depuis cent ans dans la famille. Les deux battants s’écartèrent, laissant s’évaporer une bonne odeur de lessive à l’iris ; et Jack put admirer de grandes piles de draps roux filés par la première madame Roudic, et des amas de linge ouvré, tuyauté, plissé par ces habiles mains bretonnes qui s’affinent à gaufrer des surplis et des coiffes.

— Y en a-t-il !… disait Zénaïde triomphante.

Le fait est que jamais chez sa mère, dont l’armoire à glace débordait pourtant de broderies et de fines dentelles, Jack n’avait vu tant de linge rangé d’un si bel ordre.

— Mais ce n’est pas ça le plus beau, mon ami Jack. Regardez ceci.

Et, soulevant une lourde pile de jupons, elle lui