Page:Daudet - Jack, I.djvu/57

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la femme de chambre, sentait ses yeux se remplir de larmes. Non pas qu’il eût une grande affection pour cette fille, mais elle faisait partie de la maison, elle approchait sa mère tous les jours, et la séparation lui paraissait définitive après le départ de cette grosse personne.

— Constant, Constant, lui répétait-il à voix basse en s’accrochant à sa jupe, vous direz bien à maman de venir me voir.

— Oui, oui, elle viendra, monsieur Jack… mais il ne faut pas pleurer…

L’enfant en était bien tenté ; seulement, il lui sembla que tous ces gens l’examinaient, que le professeur de littérature fixait sur lui son regard ironique et glacé, et cela suffit pour qu’il comprimât son désespoir.

La neige tombait avec violence.

Moronval proposa d’envoyer chercher une voiture ; mais le factotum déclara, au grand ébahissement de tout le monde, qu’Augustin et le coupé l’attendaient au bout du passage.

Un coupé, diable !

— À propos d’Augustin, dit-elle, il m’a chargé d’une commission… Est-ce que vous n’avez pas ici un élève nommé Saïd ?

— Si… si… parfaitement… Un charmant sujet… fit Moronval.

— Et un creux superbe !… Vous allez l’entendre…