Page:Daudet - Jack, II.djvu/202

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je viens de te raconter. Puis il est cruel à un honnête homme de ne pas gagner sa vie. À Paris, tu feras deux parts de la tienne : ouvrier pendant le jour, tu étudieras le soir, dans ta chambre, à la clinique, dans tous ces cours qui font de Paris la ville étudiante et savante. Tous les dimanches nous t’attendrons. J’inspecterai ton travail de la semaine, je te guiderai, et la vue de Cécile te donnera des forces… Je ne doute pas que tu n’arrives, et vite… Ce que tu vas entreprendre, Velpeau et d’autres l’ont fait. Veux-tu l’essayer ? Cécile est au bout de cet effort.

Jack se sentait si ému, si troublé, ce qu’il venait d’entendre était si touchant, si extraordinaire, la perspective qu’on lui ouvrait lui paraissait tellement belle, qu’il ne trouva pas un mot à dire, et pour toute réponse il sauta au cou de l’excellent homme.

Mais un doute, une crainte, lui restaient encore. Peut-être Cécile n’éprouvait-elle pour lui qu’une amitié de sœur. Et puis, quatre ans, c’était bien long ; consentirait-elle à l’attendre jusque-là ?

— Dam ! mon garçon, dit M. Rivals gaiement, ce sont là des choses tout à fait personnelles auxquelles je ne puis répondre… mais je t’autorise à t’en informer toi-même. Elle est là-haut. Je viens de l’entendre remonter tout à l’heure. Va lui parler.

Lui parler ! C’était vraiment bien difficile. Essayez donc de dire un mot, quand le cœur vous bat à