Page:Daudet - L'Évangéliste, 1883.djvu/367

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tilleul tombées sur ses cheveux noirs dans un désordre qui lui sied. Il l’admire un moment, la pénètre de cet effrayant regard d’ironie glissant sur son bandeau. Est-ce vraiment Dieu l’obstacle ?… ou sa monstrueuse laideur ?… En tout cas, il la connaît. C’est un « non » implacable.

« Je pensais bien, » dit-il en se levant et revenu à son ton habituel, posé et froid, le ton des affaires, « je pensais bien que ma démarche était inutile ; mais je ne voulais pas qu’il y eût de malentendu entre nous. »

Il fait deux pas pour s’en aller, puis s’arrête :

« Alors, jamais ?… »

– Jamais. »

Où va-t-il ?… Il a regardé sa montre et se hâte vers la maison, comme un homme qui craint de manquer un rendez-vous… Eh ! qu’il aille. Dieu châtie l’esprit de révolte… Sans plus s’occuper de lui, elle prie pour calmer son intime frémissement, pour effacer la souillure qu’a laissée sur son âme ce brutal rappel à la terre. Elle prie et s’apaise, tandis que le soir tombe en frissons dans les branches et que des vols de grandes phalènes remplacent les sphinx sur les géraniums du jardin,