Page:Daudet - L'Évangéliste, 1883.djvu/376

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tête renversée, les bras tendus dans un raide mouvement d’invocation. Au bruit de la porte, elle dit durement sans se retourner :

« Laisse-moi avec Dieu, ma mère… »

La mère s’élança, l’étreignit follement :

« Non, non, pas ça, mon enfant chérie… ne sois pas fâchée… tu t’en irais encore… »

Et tout à coup, déliant son étreinte, tombant à genoux de tout le poids de son gros corps :

« Tiens ! je prie avec toi… Dis tout haut ce qu’il faut dire… »

*

Quand le soleil donne à plein sur la maison, il y en a pour tous les étages. En serait-il de même du bonheur ? Deux jours après l’arrivée d’Éline, Mme Ebsen recevait une lettre de Lorie lui annonçant qu’il héritait décidément des cousins Gailleton. Leurs rentes étaient en viager ; mais il lui restait la maison qu’il comptait vendre, et le vignoble, avec la closerie, où il allait installer les enfants, Romain et Sylvanire. C’est de là qu’il écrivait, de la chambre de sa martyre donnant sur la grosse tour du château. Maurice continuerait ses études pour Navale, au petit collège d’Amboise. Pauvre élève du Borda,