Page:Daudet - L'Évangéliste, 1883.djvu/57

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pas empêché M. Larsen de s’y rencontrer pendant des années avec le pasteur Aussandon.

L’illustre doyen, pour venir chez ses voisines, n’avait qu’à traverser le petit jardin qui les séparait de son pavillon et où on le voyait, le sécateur à la main, courber sa longue taille sur ses rosiers, pendant que d’une fenêtre la petite et fougueuse Mme Aussandon, le bonnet de travers, en bataille, surveillait son vieux grand homme, le rappelait au premier souffle de vent : « Aussandon, il faut rentrer. – Oui, Bonne… » Et il obéissait, plus docile qu’un enfant. Grâce à leur voisinage, à des traductions dont le pasteur avait eu souvent besoin pour son cours d’histoire ecclésiastique, les deux familles s’étaient liées ; et quelque temps avant l’arrivée de Lorie dans la maison, le plus jeune des fils Aussandon, Paul, celui que la maman n’appelait jamais que « le major », demandait Éline Ebsen en mariage.

Malheureusement, la vie de médecin militaire est une vie de garnison, toujours par les chemins ; et pour ne pas quitter sa mère et sa grand’mère, Éline disait « non » tout de suite, sans laisser deviner à personne l’effort que ce «