Page:Daudet - L'Évangéliste, 1883.djvu/60

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chambre en garni, suivait les grands prédicateurs, visitait des sœurs dans leurs couvents, des prêtres dans les sacristies, ne manquait pas un cours à la faculté de théologie, prenait des notes qu’elle rédigeait ensuite, son rêve étant de faire du journalisme catholique ; et régulièrement elle écrivait à Louis Veuillot, qui ne répondait jamais. Faute de quoi, partout où elle allait et surtout rue du Val-de-Grâce, à cause du milieu luthérien, Henriette Briss dépensait en paroles sa verve discutante, controversait, citait des textes, sortait de là épuisée, la bouche sèche, des ronds anémiques dans la tête, mais ravie d’avoir confessé sa foi. Puis, lorsqu’elle était à bout d’argent, ce qui l’étonnait toujours, elle se plaçait au hasard, repartait désespérée, et pendant des mois on n’entendait plus parler d’elle.

Quand Lorie la rencontra dans le salon de Mme Ebsen, elle était à cette période découragée ; et même, s’y étant prise trop tard, les réponses se faisant attendre, elle avait été obligée de se mettre en pension dans un couvent de la rue du Cherche-Midi, sorte de bureau de placement pour les filles de service, où ses idées