Page:Daudet - L’Immortel (Lemerre 1890).djvu/184

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ses ferventes, ses dévotes, venues là, moins pour honorer la mémoire de feu Loisillon que pour contempler leurs idoles, ces Immortels fabriqués, pétris de leurs petites mains adroites, vrais ouvrages de femmes où elles avaient mis leurs forces inemployées d’orgueil, d’ambition, de ruse, de volonté. Des actrices s’y joignaient sous prétexte de je ne sais quel orphelinat dramatique présidé par le défunt, témoignant en réalité ce prodigieux besoin d’en être qui les brûle toutes. Éplorées et tragiques, on pouvait les prendre pour de proches parentes. Tout à coup une voiture s’arrête, dépose des voiles noirs, agités, éperdus, une douleur qui fait mal à voir. L’épouse, cette fois ? Non ! Mar-