Page:Daudet - L’Immortel (Lemerre 1890).djvu/244

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deux. Puis, l’enfant rétabli, parti pour Mousseaux où l’appelait une pressante invitation de la duchesse, ce qui acheva de réconcilier le parfait ménage académique, de le rendre du moins à sa température égale de « couche froide », ce fut son installation à l’Institut, dans l’appartement et l’emploi de feu Loisillon, dont la veuve, nommée directrice de l’école d’Écouen, avait par un prompt départ permis au nouveau Perpétuel d’emménager, presque au lendemain de son élection.

L’installation ne fut pas longue dans ce logement depuis si longtemps envié, guetté, surveillé, espéré, connu dans ses moindres détours et tous ses avantages locatifs. À voir la précision avec laquelle les meubles de la rue de Beaune prenaient leurs places, on eût dit un mobilier rentrant de la campagne et se posant, s’incrustant de lui-même aux endroits habituels, aux rainures par lui marquées sur le sol ou dans les panneaux. Nul embellissement. À peine un nettoyage à la chambre où Loisillon était mort, du papier neuf à l’ancien salon de Villemain, dont Léonard fit son cabinet de travail, afin d’avoir le silence et la lumière de la cour, et, sous la main, une petite annexe très haute, très claire, pour ses autographes déménagés en trois voyages de fiacre avec l’aide de Fage, le relieur.

C’était, chaque matin, une délectation nouvelle,