Page:Daudet - L’Immortel (Lemerre 1890).djvu/254

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vigoureuse fut la réponse du secrétaire perpétuel, l’engagea pour lui-même et pour ses amis.

Resté seul, le malheureux s’écroula devant la table chargée d’épreuves, où les trois fausses lettres à Rabelais gisaient tout ouvertes. Il les regardait, hébété, lisait machinalement : « Maître Rabelais, vous qu’avez l’esprit fin et subtil… » Les caractères dansaient, tourbillonnaient dans un délayage d’encre décomposée en larges maculatures de sulfate de fer qu’il voyait monter, s’étendre, gagner sa collection, ses dix, douze mille pièces autographiques, toutes, hélas ! de même provenance… Puisque ces trois-là étaient fausses… alors, son Galilée… alors, sa Maison d’Orléans… alors, sa lettre de Catherine, offerte au grand-duc, et celle de Rotrou dont il avait fait hommage public à l’Académie !… Alors… alors… Un horrible effort de volonté le mit debout. Fage, tout de suite voir Fage !…

Ses relations avec le relieur dataient de quelques années, d’un jour où le petit homme était venu aux archives des Affaires étrangères solliciter l’avis du très illustre et savant directeur sur une lettre de Marie de Médicis au pape Urbain VIII en faveur de Galilée. Justement Petit-Séquard, dans une série de précis d’histoire amusante, sous le titre de « divertissements scolaires, » annonçait