Page:Daudet - L’Immortel (Lemerre 1890).djvu/74

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et devant une amie logée à l’étroit, dans l’emplacement d’une ancienne table d’hôte !

Avec Mme Ancelin, un nom que citent souvent les feuilles mondaines, rien de pareil à craindre. Cette bonne grosse dame toute ronde, la figure rouge et poupine, qui flûte ses mots ou plutôt ceux qu’elle recueille et colporte, est bien la plus aimable personne. Encore une qui a passé la nuit à me lire. Après cela, c’est peut-être une formule. Elle m’a ouvert tout grand son salon, un des trois où fréquente et s’agite l’Académie. Picheral dirait que Mme Ancelin, affolée de théâtre, reçoit plus volontiers les cabotins, Mme Astier les Petdeloup, et que la duchesse Padovani accapare les ducs, la gentry de l’Institut. Mais en somme, ces trois rendez-vous de gloire et d’intrigue ouvrent les uns sur les autres, car j’ai vu défiler, mercredi, rue de Beaune, un assortiment varié d’immortels de toutes catégories : Danjou, l’auteur dramatique, Rousse, Boissier, Dumas, de Brétigny, le baron Huchenard des Inscriptions et Belles Lettres, le prince d’Athis des Sciences