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XIV
l’exposition


« Superbe !…

— Un succès énorme. Barye n’a jamais rien fait d’aussi beau.

— Et le buste du Nabab ?… Quelle merveille ! C’est Constance Crenmitz qui est heureuse. Regardez-la trotter…

— Comment ! c’est la Crenmitz cette petite vieille en mantelet d’hermine ?… Voilà vingt ans que je la croyais morte. »

Oh ! non, bien vivante, au contraire. Ravie, rajeunie par le triomphe de sa filleule, qui tient décidément le succès de l’Exposition, elle circule parmi la foule d’artistes, de gens du monde formant aux deux endroits où sont exposés les envois de Félicia, comme deux masses de dos noirs, de toilettes mêlées, se pressant, s’étouffant pour regarder. Constance si timide d’ordinaire, se glisse au premier rang, écoute les discussions, attrape au vol des bouts de phrases, des formules qu’elle retient, approuve de la tête, sourit, lève les épaules lorsqu’elle entend dire une bêtise, tentée de foudroyer le premier qui n’admirerait pas.