Page:Daudet - Le Nabab, Charpentier, 1878.djvu/475

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tement s’égoutte. Le clairon des pompiers sonne le couvre-feu… « Allez donc voir au 7, dit la maîtresse, il n’en finit plus avec son bain. » Le garçon monte et pousse un cri d’effroi, de stupeur : « Oh ! Madame, il est mort… mais ce n’est plus le même… » On accourt, et personne, en effet, ne veut reconnaître le beau gentilhomme qui est entré tout à l’heure, dans cette espèce de poupée macabre, la tête pendant au bord de la baignoire, un teint où le fard étalé se mêle au sang qui le délaie, tous les membres jetés dans une lassitude suprême du rôle joué jusqu’au bout, jusqu’à tuer le comédien. Deux coups de rasoir en travers du magnifique plastron inflexible, et toute sa majesté factice s’est dégonflée, s’est résolue dans cette horreur sans nom, ce tas de boue, de sang, de chairs maquillées et cadavériques où gît méconnaissable l’homme de la tenue, le marquis Louis-Marie-Agénor de Monpavon.