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Scène IV

La chambre d’Éveline.
éveline, couchée.

L’affreuse nuit que j’ai passée, mon Dieu ! l’affreuse nuit ! Cette course à tâtons dans des couloirs obscurs, humides ; ces affreuses bêtes de nuit dont les ailes me léchaient la figure ; cette maudite lampe qui s’éteignait à chaque instant. Cette grande porte sculptée, et puis la salle noire, immense, et les sept clous !… Brrr ! j’en suis encore frissonnante. Quel méchant homme que ce seigneur Barbe-Bleue ! Sept femmes à lui tout seul, c’est effrayant… Je sais bien que ces dames de là-haut ne valaient pas grand’chose, et que moi, je n’ai rien à craindre de semblable, puisque je n’ai aucun de leurs vices monstrueux… (On frappe.) Qui va là ?

sœur anne.

C’est moi, ma sœur… (Elle entre.) Miséricorde ! encore au lit, à midi passé ! Mais c’est épouvantable ! Vous qui étiez toujours sur pieds avec l’aube.